San Martín de Unx

Cet ancien village médiéval est un havre d’équilibre et d’harmonie, un lieu de rencontre avec l’histoire et les traditions ancestrales, chantées au son d’une jota improvisée et racontées à la chaleur du feu et du vin. Le prestige et la popularité des villes voisines comme Ujué, Tafalla et Olite ont largement éclipsé l’importance historique et patrimoniale de San Martín de Unx. La singularité de cette ville réside dans l’alliance du patrimoine monumental et artistique de ses villages et églises médiévaux avec une richesse ethnographique inépuisable et un potentiel viticole reconnu.

Le passé des habitants de cette ville est étroitement lié à la terre. Depuis l’Antiquité, la campagne a assuré la subsistance des générations successives de San Martinejos ou de Catatos. Aujourd’hui, la terre est également devenue sa plus belle vitrine et son engagement le plus fort pour son avenir. Des produits comme l’huile et, plus particulièrement, le vin, constituent ses principales ressources économiques. Cette ville, qui compte aujourd’hui à peine 500 habitants, possède un moulin à huile, une cave coopérative et quatre caves privées. Le secret de sa réussite réside dans le maintien de la culture de la vigne, avec une attention particulière portée au cépage Grenache, résistant à la sécheresse et au froid, mais sensible aux parasites et aux maladies.

Pour ces raisons, il a été remplacé en Navarre par d’autres cépages à partir de la fin des années 1970. À San Martín de Unx, en revanche, ce cépage était respecté, car il s’adaptait parfaitement aux sols sablonneux, pierreux et légèrement acides des contreforts de la Sierra de Ujué. La tendance actuelle, qui privilégie les vins vifs, fruités et expressifs, a remis le grenache au premier plan. Les vignes centenaires, qui produisent des vins d’excellente qualité, sont particulièrement prisées.

Des maisons en pierre de taille, aux larges portes semi-circulaires ou en ogive, dont beaucoup datent du XVIe siècle, et aux spectaculaires armoiries baroques, parsèment les rues sinueuses, qui conservent encore, dans certaines sections, leur ancien pavage pavé, où se promenaient des personnes d’horizons très divers. Serfs et paysans, ecclésiastiques et soldats, nobles et même quelques membres de la haute noblesse arpentaient ces trottoirs.

Perchée sur une colline, cette enclave défensive stratégique prospéra sous la protection d’un château, populairement connu sous le nom de « Ferrate », dont on retrouve des traces sous le règne de Thibaut II, au début du XIIe siècle. La forteresse, partiellement démantelée en 1516 après l’annexion du royaume de Navarre, et aujourd’hui disparue, se trouvait sur la partie la plus élevée, au-dessus de la paroisse de San Martín de Tours. À partir de ce point, le hameau se développa, toujours à l’intérieur d’une enceinte fortifiée. La démolition de ces remparts et la construction de la route reliant les villes de Sangüesa et de Tafalla marquèrent l’expansion contemporaine de la ville. De nombreuses maisons furent construites en bordure de la nouvelle voie de communication, suivant son tracé.

Cette histoire de nobles et de rois a marqué la ville. Entrer dans San Martín de Unx, c’est s’immerger dans les vestiges d’une cité médiévale, au cœur de ruelles étroites, sinueuses et escarpées, alternant recoins improbables et places pittoresques. Une promenade tranquille dans ses rues permet aux visiteurs de profiter d’un cadre historique et artistique authentique et vivant. La visite peut également être le prétexte idéal, une autorisation obligatoire, pour évoquer les décors virtuels et fantastiques suggérés par notre imagination débordante.

L’artère principale de la ville est la rue San Miguel, qui relie l’église Santa María del Pópolo à la paroisse San Martín de Tours. C’est une rue en pente caractéristique, au tracé irrégulier, bordée de grandes demeures. On peut également accéder à la plateforme supérieure en suivant la route connue par les habitants sous le nom de « Subida a la Parroquia », qui commence ou se termine, selon le cas, au portique de l’église romane et qui est jalonnée d’anciennes demeures nobles d’époques très différentes, ornées des armoiries de leurs principales lignées, notamment les maisons de Monreal, Jaso et Leoz.

La Calle Mayor, qui bordait autrefois la ville et suivait le tracé de l’enceinte fortifiée à l’intérieur, constitue un autre point d’intérêt. Les anciennes portes et passages, accessibles de l’extérieur, sont le meilleur témoignage de cette remarquable construction défensive, dont certains éléments subsistent encore, masqués par l’urbanisme actuel, comme la grande tour massive et incurvée en pierre de taille, intégrée aux bâtiments de la « Callejica ».

Dominant le ciel, imposante et monumentale, touchant le ciel, l’église San Martín de Tours couronne le profil de cette ville animée. Son imposant clocher, datant du début du siècle, domine la colline sur laquelle se dresse la ville. L’église paroissiale, consacrée à sainte Marie et saint Martin le 3 novembre 1156, était le centre de rencontre et d’activité de cette ville traditionnellement très religieuse. Sa proximité avec le château en fit la première église ouverte à toutes les célébrations liturgiques, quotidiennes et festives. Une situation qui a considérablement évolué au fil du temps. Aujourd’hui, cet impressionnant édifice sert uniquement de lieu pour les baptêmes, les mariages, les funérailles et pour accueillir le nouveau mois le premier dimanche.

Avec ses volumes sobres, accentués par la verticalité de ses contreforts et l’absence de décoration, l’église San Martín de Tours est l’une des œuvres les plus charmantes de l’architecture romane rurale de Navarre. Construite au XIIe siècle, ses voûtes et ses arcs brisés sont un clin d’œil à l’imminente période proto-gothique. L’image qu’elle présente aujourd’hui est le fruit d’ajouts et de rénovations au fil de l’histoire. Malgré tout, elle a conservé sa structure d’origine, avec une nef unique à quatre travées, une voûte en berceau et une abside semi-circulaire à l’intérieur et polygonale à l’extérieur.

L’ancienne entrée principale de l’église est magnifiquement ouvragée et présente des répliques d’un acrobate et d’un musicien. Ses chapiteaux historiés représentent saint Martin partageant son manteau avec un mendiant, Samson et le lion, ainsi que divers guerriers luttant contre des animaux. Les grandes têtes et mains des personnages, leurs mèches de cheveux séparées et leurs tenues distinctives suggèrent l’œuvre de l’un des plus grands sculpteurs romans, le Maître d’Uncastillo. Un bouclier rococo réutilisé de la seconde moitié du XVIIIe siècle est également exposé.

L’espace qui abritait autrefois la troisième nef de l’église, ajoutée lors d’une extension du XVIIIe siècle, abrite aujourd’hui un portique avec une porte romane provenant de la ville désolée de Sengáriz (XIIe siècle) et qui occupe l’emplacement d’une porte du XVIe siècle. Cet endroit offre un point de vue idéal sur le hameau et le paysage environnant.

Et si l’emballage est digne d’admiration, son contenu l’est tout autant. Les fonts baptismaux qu’ils renferment sont un joyau roman, une pièce exceptionnelle en Navarre. Magnifiquement décorés, ils présentent des colonnes aux chapiteaux végétaux schématiques et des arcs abritant diverses figures masculines : une femme tenant des fruits, une autre avec une soucoupe et une mère allaitant son enfant ; cette dernière composition représente la Vierge de La Leche.

Le retable principal, œuvre romane de la fin du XVIe siècle, est dédié à saint Martin. Le chœur de l’église est dominé par une sculpture gothique de la Vierge du Lait, exécutée dans le style hispano-flamand à la fin du XVe siècle et provenant de l’ermitage de Santa Zita. L’autel est d’une grande originalité, avec trois fenêtres semi-circulaires ébrasées encadrées par une épaisse archivolte en plein cintre reposant sur six colonnettes et contenant des vestiges de peintures murales gothiques. Sur les côtés, on peut admirer des figures d’anges, parmi lesquelles saint Michel ; au centre, des motifs décoratifs sont présents.

Au pied de l’église, un ingénieux escalier en colimaçon invite les visiteurs à descendre. L’idée est excellente. Au sommet du virage, ils découvriront l’un des recoins les plus marquants de la ville : la crypte médiévale.

Cette petite église purement romane présente un plan complètement adapté à celui du sanctuaire, car elle a été construite pour surmonter la forte pente du terrain.

Là, gardant les secrets de l’histoire, subsiste encore l’autel primitif (XIIe siècle), entouré de grands blocs de pierre de taille travaillés sur lesquels on peut encore voir les marques de nombreux tailleurs de pierre qui ont participé à la création de ce joyau du roman rural.

L’espace est structuré par six colonnes aux chapiteaux sculptés de végétaux, d’animaux ou de personnages. Au-dessus, les nefs sont couvertes de voûtes d’arêtes. Trois fenêtres ébrasées en plein cintre percent le mur de l’abside (vues de l’extérieur, elles ressemblent à des meurtrières) et créent un jeu de lumière intime et mystérieux.